lundi 2 octobre 2017

Le 1er octobre 2017

Proverbe/citation du jour
“La vraie richesse est discrète.”-Monique Bosco


Les élus de notre région ont-ils assez de guts pour ne pas plier face aux enverdeurs?
Il y a quelques jours, je lisais dans le journal L’Avantage gaspésien un article de Dominique Fortier intitulé «Le projet Gaspésia de Pétrolia n'enchante pas les élus locaux». La compagnie Pétrolia doit bientôt compléter des travaux entrepris il y a de cela cinq ans sur un territoire adjacent au Parc de la Gaspésie.

Selon l’article, le préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie, Allen Cormier, de même que le maire de Sainte-Anne-des-Monts, Simon Deschênes, et le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, ne semblent pas enthousiastes face à ce projet.

Je tiens à être clair quant aux possibilités de développement liées à l’industrie pétrolière en Gaspésie, de même que sur l’île d’Anticosti : je ne crois pas au Klondike, mais même si les retombées sont mineures, ce seront quand même des retombées, et nous en avons besoin.

Qu’en est-il des risques liés à l’exploitation des hydrocarbures gaspésiens? Je ne crois pas, compte tenu des normes que les entreprises doivent respecter, que les risques soit aussi grands que ce que les enverdeurs veulent nous faire croire.

Concernant la recherche ou l’exploitation pétrolière et gazière près du Parc de la Gaspésie, qui parmi vous se souvient des Mines Madeleines? Le gisement de ces mines a été découvert en 1964, avec l’ouverture officielle en septembre 1968. La mine a été en exploitation de la fin des années 1960 jusqu’au mois de juin 1982, avec une interruption durant la seconde moitié des années 1970, de janvier 1977 à 1979.

Que ce serait-il passé si des environnementalistes avaient bloqué le projet des Mines Madeleine à l’époque?

J’ose espérer que les élus de notre région ont assez de guts pour ne pas plier face aux enverdeurs, comme ceux qui militent encore cet automne au puits No 4 de Junex, près de Gaspé, parce que malheureusement, de nos jours, l’image à court terme passe trop souvent avant les intérêts de la population à long terme.

Un document intéressant portant sur l’exploitation minière dans la région se trouve ici.

En guise de conclusion, voici un texte de David Descôteaux datant de 2006, « L’or noir de la Gaspésie ». Malgré son âge, l’article ne perd pas sa pertinence. Je remercie d’ailleurs l’auteur qui m’a permis de le recopier ici bas.




Plus de deux milliards de barils de pétrole dorment au fond du golfe du Saint-Laurent. Québec surmontera-t-il les obstacles qui l'empêchent de les exploiter?
Au bord de la baie de Gaspé, d'un puits d'une profondeur de 1000 mètres vient de surgir un gisement qui risque de changer la face de l'économie du Québec. Pétrolia, une entreprise de Rimouski, a prouvé qu'il y a bel et bien des réservoirs d'huile en Gaspésie. En mai dernier, en 15 jours seulement, l'équivalent de 491 barils de pétrole a giclé du puits Haldimand #1, soit plus d'une trentaine par jour. Une première au Québec.
"Haldimand, c'est la découverte de l'année: 34 barils par jour, c'est plus que la capacité moyenne des puits de l'Alberta", souligne Isabelle Proulx, responsable du développement des affaires chez Pétrolia. En Alberta, les puits produisent en moyenne 18 barils par jour. La différence, c'est que cette province en a des milliers. Haldimand deviendra le premier puits commercial québécois. "Mais ce n'est qu'un début", assure Isabelle Proulx. "Nous ne connaissons pas encore la quantité de pétrole que nous pourrions extraire des autres puits", ajoute Jean-Yves Lavoie, président de Junex, qui détient une participation de 45 % dans ce projet, dont Pétrolia détient aussi 45% et la société Gastem 10%. Car il y aura d'autres puits. Le consortium évalue en ce moment la remontée de pression du puits Haldimand, afin de mieux comprendre l'étendue du gisement. "Ensuite, nous allons nous mettre à forer intensivement", poursuit Jean-Yves Lavoie. Compte tenu du prix actuel du pétrole sur les marchés boursiers, les entrepreneurs ont beau jeu. "À 75 dollars le baril, une production de seulement 11 barils par jour devient rentable, dit Jean-Yves Lavoie, et nous visons de 300 à 1000 barils par jour au cours de la prochaine année", ajoute-t-il.
Un premier gros joueur
Forer coûte cher : jusqu'à deux ou trois millions de dollars par trou, selon la profondeur. Pour des petites sociétés comme Pétrolia, Junex et Gastem, cela signifie que l'on doit être constamment à la recherche d'investisseurs prêts à prendre des risques. Maintenant qu'on a découvert du pétrole en quantité suffisante, la donne vient de changer. Les entrepreneurs de la Gaspésie ont confiance que les bailleurs de fonds vont se manifester d'eux-mêmes.
"Pour un investisseur, une entreprise qui peut afficher des revenus de production est beaucoup plus crédible, explique Isabelle Proulx. Je reçois d'ailleurs de plus en plus d'appels de l'Ouest canadien. Là-bas, les gens s'intéressent à ce qui se passe chez nous", ajoute-t-elle.
Récemment, Talisman, le géant canadien de l'énergie, dont la capitalisation boursière s'élève à environ 20 milliards de dollars, a acquis plusieurs permis d'exploration dans les basses terres du Saint-Laurent. Cette entreprise albertaine mènera des travaux d'exploration dans des terres situées près de Bécancour. "Si un géant comme Talisman décide de venir ici parce qu'il y croit et qu'il réussit dans les basses terres, cela aura un gros impact qui nous donnera de la crédibilité sur le plan mondial", affirme Isabelle Proulx.
Un potentiel qui fait rêver
Si on a tardé à découvrir du pétrole, c'est parce que le forage, chez nous, est à un stade précoce. Seulement 100 trous ont été creusés au Québec au cours des 100 dernières années. La découverte du gisement de Leduc, qui a marqué le début de la production pétrolière en Alberta, a exigé pour sa part 133 forages.
"En Gaspésie, on va forer 20 puits, cette année. En Alberta, ils vont en forer 15 000, juste pour le gaz naturel", illustre Jean-Thomas Bernard, titulaire de la Chaire en économique de l'énergie électrique (GREEN) de l'Université Laval. Pourtant, le pétrole ne manque pas, des frontières de l'Ontario jusqu'à Terre-Neuve, et même sous l'eau, dans le golfe et dans l'estuaire du Saint-Laurent. Hydro-Québec Gaz et Pétrole a déjà fait 350 kilomètres de prospection sismique dans les grandes forêts qui couvrent l'île d'Anticosti. Avec son partenaire, Corridor Resources, Hydro a trouvé dans le sous-sol de cette île des structures poreuses gorgées de liquide qui ont un potentiel de 130 millions de barils de pétrole et de plus de 200 millions de pieds cubes de gaz naturel.
Mais c'est à la structure géologique marine Old Harry, située à 80 kilomètres au nord-est des Îles-de-la-Madeleine, que se trouve l'eldorado : deux milliards de barils de pétrole, ou quatre à cinq milliards de pieds cubes de gaz naturel, selon les estimations d'Hydro-Québec. L'équivalent, pour le Québec, de 25 années de consommation.
Des obstacles majeurs
Toutefois, en milieu marin, les investissements requis sont colossaux : de 30 à 50 millions de dollars pour un seul forage, soit dix fois plus que sur la terre ferme. Pour pallier cette difficulté, le gouvernement du Québec, qui a placé l'exploitation des hydrocarbures au centre de sa stratégie énergétique de 2006, cherche à attirer les investisseurs privés. Plusieurs obstacles rendent cependant les investisseurs nerveux. Entre autres, l'exploration marine soulève de délicates questions environnementales. Les levés sismiques, nécessaires pour évaluer le potentiel d'un bassin, pourraient mettre en danger les écosystèmes marins, soulignent certains écologistes.
Lors de ces levés, des bateaux font exploser des bulles d'air comprimé près de la surface de l'eau. Les détonations se répercutent sur le fond marin et sur les structures du sous-sol. Les écologistes craignent que les baleines, qui sont des animaux sensibles aux sons, ne soient blessées par l'intensité de ceux-ci. Des groupes comme l'Union québécoise pour la conservation de la nature avancent, études à l'appui, que ces sons peuvent entraîner des pertes de sensibilité auditive, voire la mort de certains rorquals.
Paul Einarsson, de GSI, une entreprise de Calgary qui a reçu le mandat d'effectuer les premiers levés sismiques dans le Saint-Laurent, n'est pas de cet avis. "Pendant les années 1970 et 1980, nous avons fait des levés sismiques sur une distance de plus de 60 000 kilomètres dans le golfe du Saint-Laurent. Les intensités sonores étaient bien supérieures à celles d'aujourd'hui, et nous ne prenions aucune des précautions actuelles. Malgré cela, nous n'avons jamais constaté de dommages." Lors des audiences publiques tenues en 2004, Québec a affirmé qu'il se plierait aux recommandations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE, voir page 38), notamment en assujettissant chaque levé sismique à l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, qui exige que tous ceux qui veulent entreprendre des travaux obtiennent au préalable un certificat d'autorisation.
Mais un autre obstacle, plus important encore, freine les investissements. En ce moment, tous les travaux maritimes sont arrêtés en raison d'un moratoire, les gouvernements du Québec et de Terre-Neuve et le gouvernement fédéral étant incapables de s'entendre sur la propriété des ressources sous-marines du golfe du Saint-Laurent. En l'absence d'une entente à ce sujet, il est impossible d'attirer des investisseurs pour explorer cette partie du golfe - qui comprend notamment la structure Old Harry -, car les bailleurs de fonds veulent être certains de pouvoir jouir du droit d'exploitation de la ressource une fois celle-ci découverte. Le gouvernement du Québec a nommé un mandataire pour négocier, et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune assure qu'il veut régler ce dossier le plus rapidement possible. "Nous voulons simplifier le processus, affirme Jean-Yves Laliberté, de la Direction générale du développement des hydrocarbures au ministère des Ressources naturelles et de la Faune. L'important n'est pas de savoir à qui les ressources appartiennent, mais d'en permettre l'exploitation. On s'occupera des détails ensuite."
Isabelle Proulx a bon espoir que le moratoire et les questions environnementales seront réglés sous peu: "Le pétrole, ce n'est pas seulement de l'essence, c'est un produit qui entre dans la fabrication des ordinateurs, du plastique, dans presque tout. Et tous les pays en cherchent. Cette pression-là va faire bouger les gouvernements pour lever le moratoire au plus vite."
Et si ça arrivait?
Rêvons un peu : que signifierait une production à grande échelle de pétrole et de gaz pour l'économie du Québec? Actuellement, ces ressources, que nous devons importer, comptent pour la moitié de notre consommation d'énergie et nous ont coûté 10 milliards de dollars en 2005. "Pour le Québec, cela voudrait dire une croissance importante pour de nombreuses années, une capacité de remboursement de la dette à moyen terme et une revitalisation des régions. Les aspects positifs sont nombreux et, sur le plan collectif, un tel boom ne pourrait être qu'une bonne chose", affirme Stéphane Pallage, professeur d'économie à l'UQAM.
"Bien sûr, si la découverte est importante, le dollar canadien s'appréciera, et les exportations manufacturières pourraient en souffrir, rétorque Pierre Fortin, qui enseigne aussi l'économie à l'UQAM, mais ce genre de boom est toujours une bonne chose pour une économie." Selon lui, ce sont les entreprises engagées dans le projet, le gouvernement (qui empocherait les redevances) et les travailleurs de la construction qui en profiteraient le plus.
Y aurait-il un impact pour les consommateurs sur le prix à la pompe ? "Non, car la production ne suffirait pas pour influer sur le prix sur le marché mondial. À moins, bien sûr, que l'on soit assez fou pour subventionner l'essence comme on le fait pour l'électricité", tient à ajouter Pierre Fortin. Jean-Thomas Bernard prévoit aussi des retombées intéressantes pour la province, mais souligne toutefois qu'il faut garder les pieds sur terre. "Si nous voulons changer le visage économique de la Gaspésie ou du Québec, il faut voir plus grand. Le Canada produit 3,5 millions de barils de pétrole par jour. Or, pour voir une différence, il nous faudrait un puits capable de produire de 20 000 à 50 000 barils par jour. C'est possible, ajoute-t-il, et les prochaines années nous le diront.
Un beau risque
Au Québec, c'est connu, les projets exigent un large consensus qui est parfois difficile à obtenir. Et si l'exploration suscite la controverse, certains voient déjà venir la tempête si des projets d'exploitation d'envergure voyaient le jour.
Les groupes environnementaux rappellent que des accidents peuvent survenir et qu'en mer, il arrive que le pétrole s'échappe des puits et contamine l'eau. D'autres croient que le jeu n'en vaut pas la chandelle. Même s'il y a du pétrole et du gaz naturel au fond du Saint-Laurent, estiment-ils, on l'épuisera en moins de 40 ans. "Si nous voulons une société prospère, il faut accepter de courir un minimum de risques, rétorque Marcel Boyer, économiste à l'Université de Montréal. En économie, il y a toujours une relation entre le risque et le rendement, ajoute-t-il, et notre société est équipée pour gérer ces risques. Si, en plus, cela crée des emplois en Gaspésie, pourquoi pas?"
Depuis 1997, la province de Terre-Neuve profite abondamment des revenus que génère Hibernia, une station de forage maritime dans laquelle on a investi jusqu'à maintenant plus de 700 millions de dollars. Grâce à cette station, Terre-Neuve est en train de coiffer le Québec au chapitre de la richesse par habitant. À elle seule, la station procure un emploi régulier à près de 200 personnes. "Est-ce qu'Hibernia dérange les baleines tant que ça? Cela reste à voir", souligne Marcel Boyer.
En Gaspésie, ils sont nombreux à rêver de pétrole, et si l'impact d'un boom pétrolier sur l'économie québécoise demeure relatif, les retombées économiques d'une exploration à grande échelle dans cette région où le taux de chômage avoisine 25 % les trois quarts de l'année seraient on ne peut plus claires : en plus de créer des emplois, elles augmenteraient la consommation dans les commerces de la région et les investissements.
Les premiers signes se font déjà sentir. Les sociétés pétrolières déjà présentes s'approvisionnent à Gaspé, et les commerçants ont vu une différence. "En Gaspésie, depuis juillet, les gens posent beaucoup de questions. Avant, ils ne croyaient pas vraiment à ce projet, mais maintenant, ils y croient, dit Isabelle Proulx. Les journaux locaux peuvent parler de "boom pétrolier", car c'est bien de cela qu'il s'agit, et c'est à cela que l'on peut s'attendre." Pétrolia prévoit forer massivement au printemps 2007, et Québec aimerait régler le différend territorial du golfe du Saint-Laurent d'ici les prochaines élections. L'avenir nous dira si, en plus de l'or bleu, nous possédons de l'or noir.

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David Descôteaux
Auteur, "L'argent des autres" et "D'endetté à millionnaire" (à paraître le 4 octobre 2017)

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